5.5 Reproduction des supports magnétiques numériques

5.5.1 Introduction

5.5.1.1 Dans les conditions optimales, les bandes numériques peuvent générer des copies identiques au signal enregistré ; toutefois, toute erreur incorrigible se manifestant lors des opérations de lecture sera enregistrée de manière permanente dans la nouvelle copie, ou bien encore, produira des interpolations inutiles qui se retrouveront inscrites dans les données d'archives ; aucune de ces conséquences n'est souhaitable. L'optimisation de la procédure de transfert est à même d'assurer la transmission des données dans l'état le plus proche de l'information se trouvant sur le support d'origine. Par principe général, il est stipulé que les originaux devront toujours être conservés afin que des consultations ultérieures restent possibles ; pour autant, et pour deux raisons simples et concrètes, tout transfert devra assurer une extraction optimale des données à partir de la meilleure copie- source. Premièrement, le support original peut se détériorer, empêchant toute future lecture de produire une qualité équivalente, voire la rendre impossible ; deuxièmement, les durées d'extraction du signal sont telles que les conditions économiques imposent l'optimisation dès la première opération.

5.5.1.2 Les bandes magnétiques, supports d'information numérique, ont été utilisées dans l'industrie de l'informatique depuis les années 1960, mais leur utilisation en tant que support audio numérique ne s'est banalisée qu'au début des années 1980. Dans un premier temps, les systèmes associant un dispositif d'encodage des données audio et un enregistreur de celles-ci sur une bande vidéo ont été utilisés pour réaliser des enregistrements deux pistes ou bien des bandes master de production de Compact Discs (CD). Techniquement parlant, de nombreux supports de ce type sont anciens, aussi les enregistrements doivent être transférés d'urgence sur des supports de stockage plus stables.

5.5.1.3 Tout transfert de données numériques audio doit respecter la recommandation essentielle suivante : le processus doit être entièrement effectué dans le domaine numérique sans recourir à la moindre conversion analogique. Pratique relativement simple pour les technologies les plus récentes qui comportent les interfaces normalisées d'échange de données audio telles que AES/EBU ou S/PDIF. Les technologies des premières générations peuvent nécessiter des modifications pour atteindre ces conditions idéales.

5.5.2 Sélection de la meilleure copie

5.5.2.1 Contrairement aux copies d'enregistrements audio analogiques, qui produisent d'inévitables pertes de qualité provoquées lors du passage d'une génération à la suivante, les processus d'enregistrements numériques peuvent avoir différents degrés de qualités depuis les copies dégradées du fait du ré-échantillonnage ou de conversion standard, jusqu'aux "clones" identiques qui peuvent même prétendre à une meilleure qualité que l'original (grâce aux corrections d'erreurs). Pour choisir la meilleure source, des appréciations doivent être fournies à propos des standards audio tels que l'échantillonnage,  le taux de quantification, ainsi que d'autres spécifications incluant les métadonnées intégrées. En outre, la qualité des données de copies stockées qui peut s'être dégradées au fil du temps doit être évaluée par des mesures objectives. En règle générale, la source d'une copie doit être choisie en fonction de l'absence d'erreurs produites lors de la lecture, ou d'un minimum d'erreurs.     
 
5.5.2.2 Enregistrements uniques : Les enregistrements originaux : multisessions, enregistrements sur le terrain, bandes contenant les informations de service, enregistrements au studio-domicile (home recordings), bandes son de film ou vidéo, bandes master, toutes ces sources peuvent  contenir des documents sonores totalement ou partiellement uniques. Le matériel sonore inédit peut-être plus ou moins exploité en comparaison du produit finalisé édité, selon l'usage des enregistrements archivés.  Le responsable de la collection doit faire les choix qui garantissent la sélection de la version la plus complète et la plus appropriée.   Les enregistrements réellement uniques ne font l'objet d'aucun choix de la part de l'archiviste. Lorsqu'il n’y a qu’une seule version d'un document sonore  au sein d'une collection, il est important de savoir si un autre exemplaire existe   ailleurs. Il est possible d'épargner du temps et des problèmes si d'autres copies existent, de meilleure qualité ou bien de format plus pratique.     

5.5.2.3 Enregistrements avec copies multiples : Les principes de conservation stipulent que les copies d'une bande numérique doivent être, dans l'idéal, des répliques parfaites du contenu d'un media avec toutes les métadonnées enregistrées sur le document numérique original. Toute copie numérique conforme à cette recommandation constitue une source valable pour effectuer la migration de  l’essence vers de nouveaux systèmes numériques de conservation.

5.5.2.4 En pratique, les conversions standards, les ré-échantillonnages, les corrections d'erreurs ou d'interpolation 18 peuvent provoquer des pertes de données ou produire des distorsions sur les copies.  Les dégradations dues au temps  affectent la qualité des enregistrements originaux et des copies  successives. En conséquence, les copies peuvent être différentes en fonction de l'enregistrement source choisi. Les coûts peuvent aussi varier en fonction du format physique ou de l'état du matériel source.

5.5.2.5 Déterminer la meilleure copie-source implique  tenir compte des normes d'enregistrement utilisées pour réaliser les copies, de la qualité des équipements, des processus utilisés, des conditions physiques et de la qualité des données des copies disponibles. Dans l'idéal, cette information est documentée et facilement disponible. Dans le cas contraire, les décisions seront prises sur la connaissance des intentions et de l'histoire des différentes copies.

5.5.2.6 Duplications sur supports semblables : dans ce contexte, la meilleure source sera celle dont la copie comportera les données de meilleure qualité. Habituellement, le premier choix se porte sur la copie numérique à l'identique la plus récente. Les premières générations de copie numérique à l'identique peuvent constituer une alternative si les versions plus récentes ne sont pas satisfaisantes du fait de dégradation ou de mauvaises conditions de réalisation.   

5.5.2.7 Copies différentiées par les supports ou les standards : Les processus de production ou de conservation peuvent conduire à la constitution de copies multiples sur bandes numériques de différents formats. La meilleure source devra être identique aux standards de l'original, avoir la meilleure qualité possible et être enregistrée dans le format qui soit le plus pratique pour la duplication. Un avis est demandé lorsque l'une de ces conditions ne peut être respectée.

5.5.2.8 Vis-à-vis des exemplaires numériques issus d'enregistrements analogiques encore existants, l'option d'une nouvelle numérisation peut-être retenue lorsque les copies numériques disponibles ont été réalisées dans un standard inférieur, lorsque leur qualité ou leur état motive une telle décision.


18. Le masquage d'erreurs ou l'interpolation correspond à une estimation du signal original lorsque la corruption de données ne permet pas la reconstruction fidèle du signal.

5.5.3 Nettoyage, restauration des supports

5.5.3.1 Par leur composition et leur fabrication, les bandes magnétiques numériques sont similaires aux autres types de bandes, elles connaissent les mêmes problèmes physiques et chimiques. Les bandes numériques peuvent atteindre de fortes densités grâce à l'utilisation de bandes fines, à la taille réduite des pistes magnétiques, et à la réduction permanente de la taille des domaines magnétiques écrits et lus. En conséquence, des dégradations ou contaminations même mineures peuvent avoir un impact considérable sur les conditions de récupération du signal. Toute détérioration, dommage  ou contamination se manifeste par une augmentation des erreurs. Les problèmes de restauration des supports, les techniques employées sont analogues pour toutes les bandes magnétiques, mais le substrat, le liant et les matériaux magnétiques étant sujets à des développements incessants, toute procédure de restauration devra être testée et validée spécifiquement pour chaque média.

5.5.3.2 Les machines de nettoyage du commerce, disponibles pour les bandes magnétiques en bobines libres et pour la plupart des formats de bandes vidéo numériques couramment utilisées se montrent efficaces pour les bandes peu dégradées ou contaminées. Le nettoyage effectué à l'aide d'un aspirateur ou d’une brosse peut être prescrit pour les bandes fortement dégradées ou très fragiles ; mais il exige des précautions pour éviter la détérioration des bandes fragiles et des mécanismes complexes des cassettes. Potentiellement, tous les procédés de nettoyage peuvent provoquer des dommages, aussi doivent-ils être appliqués avec une attention toute particulière.

5.5.3.3 Des dispositifs mécaniques peuvent faciliter la manipulation des bandes et des boîtiers de cassettes. Ils sont commercialisés pour certains formats. Pour d'autres formats, ils peuvent être fabriqués dans des ateliers de mécaniques modestement équipés.

5.5.3.4 Les bandes  numériques dont le liant est constitué de polyester uréthane peuvent potentiellement pâtir du phénomène d'hydrolyse, de manière comparable aux bandes magnétiques analogiques. Toute action de rénovation des bandes magnétiques numériques nécessite des procédures de contrôles sévères ; les tentatives se feront uniquement dans des étuves climatiques ou dans des chambre à vide 19 (voir section 5.4.3 Nettoyage et restauration des supports). Opération qui peut-être des plus critiques pour des enregistrements numériques réalisés sur bandes généralement des plus minces insérées dans des boîtiers cassettes aux mécanismes complexes.

5.5.3.5 La dégradation des bandes magnétiques peut-être minimisée par l'adoption de conditions de stockage appropriées. Les normes de stockage à long terme des bandes magnétiques numériques sont généralement plus strictes que celles préconisées pour les bandes analogiques du fait de leur plus grande fragilité et du risque plus élevé de perte de données auquel les exposent des dégradations ou contaminations même légères. Des conditions de température ou d'humidité supérieures aux recommandations favoriseront la dégradation chimique. Les cycles de température et d'humidité produisent la dilatation et la contraction de la bande, phénomènes qui peuvent endommager le substrat. La poussière ou d'autres agents de contamination parvenant à se déposer à la surface de la bande, peuvent générer des pertes de données et présenter en outre le risque de provoquer des dégradations physiques pendant la lecture.  

5.5.3.6 Après nettoyage et / ou rénovation ou bien avant d'effectuer une opération de duplication, il peut être conseillé d'effectuer la mesure des taux d'erreurs des bandes magnétiques numériques. L'organisation des données et le type de correction d'erreurs utilisé dépendent du format de la bande. Pour les DAT par exemple, le processus de correction d'erreurs utilise deux codes Reed-Solomon  organisés selon un système croisé, horizontalement C2 et verticalement C1. En outre, une valeur est assignée à chaque bloc de données : octet de parité. Le nombre d'erreurs de parité par bloc est dénommé : erreurs CRC ou bien parfois : taux d'erreurs par bloc. Le sous-code des bandes DAT (Digital Audio Tape) est également sujet à des erreurs. Les mesures d'erreurs devront inclure, pour le moins :

5.5.3.6.1 Erreurs C2 et C1.
5.5.3.6.2 CRC ou Taux d'erreurs par bloc.
5.5.3.6.3 Erreurs salves (à partir de C1)
5.5.3.6.4 Correction SUBC1

5.5.3.7 Si la moindre mesure d'erreurs révèle un blocage d'échantillon, une interpolation ou un niveau d'erreur produisant un mute, la bande devra être nettoyée et le chemin de défilement contrôlé. Si, après nettoyage et rénovation, une erreur ou plus dépassent ces limites, on se référera au paragraphe 5.6.3 "Sélection de la meilleure copie". (Première partie).

5.5.3.8 Très peu de systèmes de mesure d'erreurs de bandes DAT ou autres supports magnétiques sont disponibles. Néanmoins, tout transfert devra inclure la mesure d'erreurs détectées par le circuit de correction d'erreurs de la machine de lecture, cette information devant être enregistrée dans les métadonnées des fichiers audio produits.


19. Les chambres à vide diminuent la pression de l'air, elles permettent de mieux contrôler la teneur en humidité.

5.5.4 Equipement de lecture

5.5.4.1 Les équipements de lecture doivent être conformes à tous les paramètres spécifiques d'un format donné. La plupart des formats de bandes numériques sont propriétaires et on compte seulement un ou deux fabricants de matériel convenable. Les équipements de dernière génération sont préférables, mais pour les formats numériques anciens ou obsolètes, il n'est d'autre choix que de se procurer des machines d'occasion.

5.5.4.2 Les enregistrements haute densité sur R-DAT (Rotary Head Digital Audio Tape) ont permis d'autres types d'applications que l'enregistrement du son. Le format DDS (Digital Data Storage), issu de la technologie DAT, a été développé par Hewlett-Packard et Sony en 1989 pour effectuer le stockage de données informatiques. L'augmentation régulière des données dans leur état d'intégrité première a suscité le développement de techniques d'extraction du signal des bandes DAT audio. Différents types de logiciels sont disponibles pour extraire les données audio et les fichiers ID de la bande séparément. Des logiciels dédiés d'extraction de données peuvent également générer des fichiers de métadonnées pour chaque programme, ils comprennent l'horloge, les positions ID de début et de fin, les durées, la taille des fichiers, les propriétés audio, etc. De plus, le format DDS permet la capture des contenus audio à vitesse double.

5.5.4.3 Néanmoins, des questions importantes telles que l'incompatibilité des formats (par exemple les différents modes de longue durée, les enregistrements haute résolution, l'extraction du time code etc.), le contrôle de l'intégrité des données, les manipulations de préaccentuation et particulièrement l'ensemble des questions concernant les problèmes mécaniques et de tracking ne sont pas encore résolues par de tels systèmes ce qui, par conséquent, nécessitera des traitements au cas par cas.

5.5.5 Caractéristiques des systèmes ordinaires : appareils à cassettes

5.5.5.1 Les R-DAT (DAT dans le langage courant) constituent le seul système utilisant un format de cassette développé de manière spécifique pour les enregistrements audio numériques. Les bandes DAT ont été largement utilisées sur le terrain et dans les studios d'enregistrement, pour la radio et l'archivage. Les équipements neufs ne sont pratiquement plus disponibles. Les machines DAT professionnelles constituent une solution, mais elles présentent des problèmes de maintenance, la fourniture de pièces détachées n'étant plus assurée.

5.5.5.2 Certains enregistreurs de dernière génération fonctionnent en dehors des spécifications, ce qui autorise des enregistrements haute résolution à 96 kHz et 24 bits (à double vitesse), l'insertion du Time Code (SMPTE) avec d'autres appareils, ou le codage Super Bit Mapping, qui utilise un principe psycho-acoustique et l'analyse par bandes critiques, procédé permettant de rendre maximal la qualité sonore de signaux codés sur 16 bits. Les enregistrements effectués sur 20 bits sont quantifiés sur 16 bits en utilisant un filtre d'erreurs adaptatif  à rétroaction. Ce filtre définit la forme de l'erreur de quantification dans un spectre optimal, il est déterminé par une fonction de masquage à court terme et par les caractéristiques isosoniques du signal d'entrée. Grâce à ces techniques, la qualité perceptive du son quantifié sur 20 bits est disponible sur un enregistreur DAT 16 bits. La qualité dans sa plénitude ne peut être atteinte que pour les signaux de fréquences inférieures à 5-10 kHz. Le Super bit mapping ne nécessite pas l'installation de décodeur particulier dans le lecteur.     
 

 

Mode d'enregistrement / lecture

Bande pré-enregistrée
(Lecteur seule)
Standard Standard Option 1 Option
2
Option 3 Piste normale Piste large
Nombre de canaux 2 2 2 2 4 2 2
Taux d'échantillonnage
(kHz)
48 44,1 32 32 32 44,1
Nombre de bits de quantification 16 (linéaire) 16 (linéaire) 16 (linéaire) 12 (non-linéaire) 12 (non-linéaire) 16 (linéaire)
Densité linéaire d'enregistrement(KBPI) 61,0 61,0 61,1
Densité surfacique d'enregistrement (MBPI2) 114 114 76
Taux de transmission (MBPS) 2,46 2,46 2,46 1,23 2,46 2,46
Capacité sous-code (KBPS) 273,1 273,1 273,1 136,5 273,1 273,1  
Modulation Conversion 8–10
Correction Double Reed-Solomon
Tracking Zone fragmentée ATF
Taille cassette (mm) 73 x 54 x 10,5
Durée enregistrement* (min) 120 120 120 240 120 120 80
Largeur bande (mm) 3,81
Type de bande Particules métalliques Oxyde
Epaisseur bande (μm) 13±1μ
Vitesse bande (mm/s) 8,15 8,15 8,15 4,075 8,15 8,15 12,225
Largeur piste (μm) 13,591 13,591 20,41 (piste large)
Angle de piste 6°22’59”5   6°23’29”4
Tambour standard Ø 30 mm Enroulement 90°    
Vitesse rotation tambour (r.p.mn.) 2000 1000 2000 2000  
Vitesse relative (m/s) 3,133 1,567 3,129 3,133 3,129
Azimut tête ±20°

Tableau 1 Paragraphe 5.5. Spécifications des différents modes d'enregistrement / lecture des DAT pour les bandes vierges et pré-enregistrées.

5.5.5.3 Le système à Cassette Philips DCC (Digital Compact Cassette) a été introduit (sans succès) auprès du grand public, il offrait une compatibilité limitée avec les Minicassettes analogiques en n'autorisant que la lecture de celles-ci. Le format DCC est maintenant obsolète.

Format Variantes Type de support Pistes audio et de données Standards Audionumé riques supportés Interface
DAT ou R-DAT Le Timecode ne fait pas partie des normes R-DAT mais peut-être implément é dans les sous-codes. Certaines cassettes DAT pré-enregistré es utilisent des bandes ME. Cassette
avec bande
3,81mm
à particules
métalliques.
Stéréo.
Les Subcodes comportent
des marqueurs
normalisés
plus des bits utilisateurs
pour des extensions
propriétaires.
16 bit PCM @ 32, 44,1 et 48 kHz AES-422
sur  machine
profession
nelle SP-DIF
standard
DCC   Cassette avec bande CrO2 3,81 Stéréo, métadonnées standards supportant un minimum de données
descriptives
PCM compression
PASC (réduction
taux 4:1)
 
Formats
Vidéo - voir
tableau 4
         

Tableau 2 Paragraphe 5.5 Cassettes audionumériques

5.5.6 Caractéristiques des systèmes ordinaires : formats de bandes à bobines libres

5.5.6.1 SONY et Mitsubishi ont  produit chacun des systèmes numériques à bandes en bobines libres pour le marché des studios d'enregistrement,  et NAGRA a produit un format quatre pistes, le NAGRA-D.

5.5.6.2 Le système DASH de Sony/Studer (Digital Audio Stationary Head - Tête stationnaire audio numérique) présente de nombreuses variantes à partir des formats communs de l'enregistrement des pistes numériques sur bandes. DASH-I propose 8 pistes numériques sur bande 1/4 pouce et 24 pistes numériques sur bande 1/2 pouce, DASH-II propose 16 pistes numériques sur bande 1/4 pouce et 48 pistes numériques sur bande 1/2 pouce. Les formats Twin DASH, couramment utilisés pour les enregistrements numériques stéréo sur bande 1/4 pouce, utilisent deux fois plus de pistes de données pour chaque canal audio ; ceci permet d'augmenter la capacité de correction d'erreurs au point de pouvoir utiliser des collants pour l'éditing. Les formats à basse vitesse doublent la durée d'enregistrement par répartition de chacun des canaux audio sur les multiples pistes de données, une disposition qui réduit de moitié le nombre de pistes audio disponibles.

5.5.6.3 Nagra assure le suivi du NAGRA-D, Sony le DASH et Mitsubishi Pro-Digi, des formats qui ne sont plus fabriqués. Ces formats sont / étaient conçus pour un usage professionnel haut de gamme, ce qui en a rendu la maintenance extrêmement coûteuse

Format Variantes Type de support Pistes audio et de données Standards Audionumériques supportés Interface
DASH Trois vitesses F (Fast/rapide)
M (Medium/moyenne)
S (Slow/lente)
Bande ¼” ou ½” Jusqu'à 48 pistes audio plus piste de contrôle 16 bits à 32 kHz, 44,1 kHz ou 48 kHz AES/EBU SDIF-2 interface MADI
  DASH-I (simple densité) et DASH-II
(double densité)
       
  Deux largeurs de
bande Q (quart de pouce) et H (demi-pouce)
       
Mitsubishi Pro Digi Stéréo Bande ¼”   32 kHz, 44,1 kHz ou 48 kHz. 20 bits ou 16 bits (avec redondance renforcée pour faciliter l'éditing ciseaux à 38 cm/s 16 bits (redondance normale) à 19 cm/s. AES/EBU interface propriétaire
multi-canal
  16 pistes Bande ½”   32 kHz, 44,1 kHz ou 48 kHz. 16 bits  
  32 pistes Bande 1”   32 kHz, 44,1 kHz ou 48 kHz. 16 bits  
NAGRA-D   ¼” MP 4 pistes audio. Métadonnées renforcées incluant
la TOC et l'enregistrement d'erreurs intégré.
4 pistes jusqu'à 24 bits 48 kHz. 2 pistes à 24 bits 96 kHz. AES/EBU

Tableau 3 Paragraphe 5.5 Formats bobines libres

5.5.7 Caractéristiques des systèmes ordinaires : Formats liés aux bandes vidéo

5.5.7.1 Il existe deux variantes dans cette catégorie : les systèmes utilisant les cassettes vidéo standard VCR avec encodage des données numériques audio au standard du signal vidéo, et les systèmes utilisant les bandes vidéo en tant que support de stockage de signaux audio numériques avec formats propriétaires.

5.5.7.2 Pour sa part, Sony a produit une gamme de formats utilisant les systèmes VCR pour assurer le stockage de données large bande. Par la suite, Alesis a introduit le système ADAT utilisant des vidéocassettes S-VHS de grande capacité pour le stockage de données audionumériques dans un format propriétaire, et Tascam le système DTRS avec la vidéocassette Hi8.

5.5.7.3 les formats faisant appel aux enregistreurs vidéo étaient réalisés sur la base de dispositifs qui incorporaient les convertisseurs A-D et D-A, les contrôles audio avec indicateurs, et les traitements logiciels nécessaires à l'encodage du flux de données dans la forme d'onde vidéo. Les systèmes professionnels Sony ont été réalisés de manière spécifique pour l'audionumérique dans le standard NTSC (525/60) noir et blanc sur machine VCR U-Matic. Les séries de systèmes semi-professionnels PCM-F1, 501 et 701 fonctionnaient dans les meilleures conditions avec les enregistreurs Sony Betamax, tout en étant généralement compatibles avec des formats Beta et VHS. Ces séries de machines supportaient les standards PAL, NTSC et SECAM.

5.5.7.4 La copie d'enregistrements effectués sur VCR nécessite un modèle VCR du bon standard, ainsi que l'interface propriétaire correspondante. Des systèmes à compatibilité ascendante existent habituellement dans les séries indiquées, aussi l'achat d'un équipement de dernière génération devrait-il faciliter la lecture du plus grand nombre d'enregistrements sources. Certains adaptateurs PCM d'appareils au format vidéo ne disposent que d'un seul convertisseur A/D pour les deux voies stéréo, un délai se produit alors entre les deux canaux. A la lecture des bandes, lors de l'extraction des données audio, le retard du dispositif de traitement du signal devra être corrigé numériquement. Les transferts ne doivent être réalisés qu'avec des équipements possédant une sortie numérique.

5.5.7.5 Certains enregistreurs numériques de première génération ont réalisé des encodages dont les fréquences d'échantillonnage sont devenues singulières avec le temps, 44,056 kHz par exemple (voir tableau 4 Paragraphe 5.5). Il est recommandé de stocker les fichiers résultant de la duplication au même niveau d'encodage que celui dans lequel ils ont été créés. Des précautions devront être prises afin de s'assurer que les systèmes automatiques ne confondent pas la fréquence d'échantillonnage réelle (i.e. un flux audio de 44,056 kHz peut-être reconnu comme étant de 44,1 kHz, ce qui altèrera le diapason et la vitesse de l'enregistrement original). Un deuxième fichier à taux d'échantillonnage courant peut être créé pour les utilisateurs en utilisant un logiciel de conversion approprié. Néanmoins, le fichier original devra être gardé en mémoire.

5.5.7.6 Certains accessoires de systèmes d'enregistrement VCR grand public peuvent apporter des extensions fonctionnelles complémentaires qui améliorent le contrôle du signal, des erreurs, et permettent l'insertion d'entrées et sorties professionnelles.

5.5.7.7 Les systèmes VCR sont obsolètes, aussi conviendra-t-il d'acquérir les équipements nécessaires sur le marché d'occasion.

Format Variantes Type de support Pistes audio et de données Standards Audionumériques supportés Interface
EIAJ Sony PCM-F1 PCM-501 et systèmes PCM-701 Signal Vidéo : PAL, NTSC ou SECAM possibles VCR grand public, habituellement Betamax ou VHS. Rares exemples de bande vidéo en bobine libre ½ pouce Audio stéréo Standard 14 bits, le hardware Sony permet l'échantillonnage (correction moindre d'erreurs) 44,056 kHz pour système NTSC, 44,1 kHz pour système PAL sur 16 bits Entrée et sortie ligne analogique standard. Entrée/sortie (I/O) numérique possible avec équipement complémentaire
Sony PCM1600 PCM1610  PCM1630   U-Matic - noir et blanc 525/60 (NTSC) Audio stéréo plus codes PQ Compact Disc Timecode sur piste audio linéaire U-Matic 16 bits 44,1 kHz Système propriétaire Sony. Canaux Audionumériques séparés Gauche et Droite plus mot-horloge.
DTRS (1991)   Format propriétaire sur cassettes vidéo Hi8   16 bits 48 kHz Enregistrement optionnel 20 bits sur certains systèmes SP-DIF ou AES/ EBU
ADAT (1993)   Système propriétaire sur cassettes S-VHS     SP-DIF ou AES/ EBU

Tableau 4 Paragraphe 5.5 Enregistrement Audio numérique sur bande vidéo - Systèmes courants

5.5.8 Optimisation lecture

5.5.8.1 L'identification précise du format et des caractéristiques détaillée de la source sonore est essentielle pour assurer une reproduction optimale, opération rendue complexe par la variété des formats dont les caractéristiques physiques apparemment semblables ne rendent pas compte des différents standards d'enregistrement. Les machines devront être régulièrement nettoyées et alignées pour obtenir le meilleur signal dupliqué. Chaque paramètre contrôlé par un opérateur, par exemple la désaccentuation, devra être réglé en relation avec l'enregistrement original. Pour les formats VCR, le tracking vidéo peut nécessiter un ajustement afin d'obtenir le signal de meilleure qualité ; la compensation de drop-out du signal doit-être désactivée.

5.5.9 Corrections des erreurs provoquées par un alignement défectueux du matériel d'enregistrement

5.5.9.1 Les défauts d'alignement du matériel provoquent des imperfections d'enregistrement, qui peuvent prendre des formes différentes. Si de nombreuses imperfections ne peuvent être corrigées ou difficilement, un petit nombre d'entre-elles peuvent être automatiquement détectées et corrigées. Il est impératif de prendre les mesures de compensation dans le processus de lecture des documents originaux concernés car aucune amélioration ne sera possible après transfert du signal sur un autre support.

5.5.9.2 L'ajustement des équipements de lecture des bandes magnétiques numériques visant à remédier à l'alignement défectueux des enregistrements exige un personnel et un équipement de niveau d'expertise technique élevé. L'alignement des têtes tournantes avec le chemin de bande peut-être effectué sur la plupart des machines professionnelles. Pour les enregistrements sur DAT notamment, ceci peut permettre une amélioration significative des corrections ou élimination d'erreurs, et rendre audible des bandes apparemment irrécupérables. Toutefois, de tels réglages exigent des équipements spécialisés et des actions que seuls des personnels formés pourront entreprendre. Une fois les transferts terminés, les équipements devront être réglés dans les conditions nominales par des techniciens de service de maintenance formés.

5.5.10 Elimination d'artefacts du signal dus aux conditions de stockage

5.5.10.1 Dans la plupart des cas, il est préférable de minimiser l'importance des défauts dus aux conditions de stockage avant d'entreprendre le transfert numérique. Les bandes numériques devront être ré-embobinées périodiquement si possible, et dans tous les cas, ré-embobinées systématiquement avant lecture. Le ré-enroulement diminue les tensions mécaniques qui peuvent endommager le substrat de la bande ou réduire les performances durant la lecture. Les bandes numériques en bobines libres laissées enroulées dans un état irrégulier pendant une longue période peuvent présenter des déformations, en particulier des bords, origine possible d'erreurs pendant la lecture. Pour réduire les distorsions dans le bobinage, de telles bandes doivent être ré-enroulées à faible vitesse et laissées en l'état pendant plusieurs mois, ce qui peut contribuer à la réduction des erreurs lors de la lecture. Les cassettes peuvent être affectées de manière semblable, mais l'amélioration du bobinage produite par la réduction de la vitesse d'enroulement ne sera pas aussi efficace dans ce cas.

5.5.10.2 Les champs magnétiques ne diminuent pas de manière mesurable pendant une durée qui serait susceptible d'affecter les performances lors de la lecture. Pour les bandes analogiques, la proximité des pistes ou des couches adjacentes ne produit pas de phénomène d'auto-effacement, et dans le cas peu probable où un tel événement surviendrait pour des bandes numériques anciennes, les conséquences sont rarement critiques : les erreurs mesurées ne dépassent pas les limites. Une certaine perte de signal peut être mesurée pour les bandes d'enregistrement audionumérique vidéo les plus anciennes. Dans de telles circonstances, la faible coercivité des particules magnétiques et la longueur d'onde effective de l'enregistrement numérique de l'information inscrite sur la bande par une tête tournante contribuent à rendre ces conditions possibles, du moins en théorie. L'appareil de lecture peut ainsi rencontrer des difficultés pour suivre la piste (tracking) de l'information inscrite sur la bande. Excepté pour les toutes premières bandes vidéo, les formulations font appel à des particules dont la coercivité est beaucoup plus forte, ce qui, en combinaison avec des systèmes perfectionnés de correction d'erreurs, écarte en grande partie ce type de problème. De toute façon, l'attention portée à la propreté des têtes de la machine de lecture et à celle de la bande optimisera les conditions de lecture, comme le soin apporté à l'ajustement du chemin de défilement de la bande.

5.5.10.3 Des bandes sévèrement dégradées peuvent être récupérées à l'aide de techniques qui relèvent de disciplines scientifiques et d'ingénieries exigeant un niveau élevé de compétences spécifiques. (Voir Ross et Gow 1999). La gestion de collections de bandes numériques devrait viser à assurer la constitution de copies avant que des erreurs incorrigibles ne deviennent un problème, ce qui limiterait en grande partie l'option de restauration de bandes numériques.

5.5.11 Ratio du temps de transfert

5.5.11.1 Le temps nécessaire pour mener à bien la copie des enregistrements audio est très variable, il est largement dépendant de la nature et du statut du support original.

5.5.11.2 Le temps passé à la préparation des opérations varie en fonction des conditions de la source de la copie. La fixation de la durée dépend des caractéristiques des installations et des formats utilisés. Le transfert du signal est généralement un peu plus long que la durée effective de chaque séquence enregistrée, et le temps pris pour la gestion des métadonnées et des matériels dépendra des caractéristiques du système d'archivage utilisé. La plupart des bandes audio d'enregistrement numérique ne permettent pas le téléchargement des données à une vitesse supérieure au temps réel, à l'exception des modèles mentionnés ci-dessus. Toutefois, les systèmes de capture dotés d'instruments de contrôle précis des niveaux d'erreurs et d'alerte lorsque les limites fixées sont franchies permettent de déclencher simultanément plusieurs systèmes de transfert.